André Dubois est le génie qui se cache derrière le site traficmania.com, qu’il a lancé pour donner des conseils aux autres blogueurs afin d’obtenir plus de trafic, plus de conversions, donc plus de revenus. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est le spécialiste des articles longs comme le bras, qu’on dévore d’une traite tant son écriture est agréable et ses conseils sont pertinents.
J’ai voulu interroger André pour comprendre la personne qui se cache derrière le projet. Inspirant, motivant, doté d’un grand sens de l’humour mais aussi de beaucoup d’humilité, il donne dans cette interview de précieux conseils à qui veut se lancer.
L’enregistrement a été fait le jeudi 29 septembre 2016 à 14h.
(Thibault) Pourquoi as-tu accepté cette interview ?
(André) Un blog c’est une relation avec les blogueurs, et c’est extrêmement important de créer des relations entre blogueurs. Surtout quand tu débutes, tu as toujours besoin que quelqu’un relaie ton travail, le partage sur les réseaux.
Je trouve que c’est une attitude qu’il faut plus développer car tu as trop de blogueurs en France qui sont dans leur coin, qui considèrent qu’à partir du moment où ils vont partager un contenu hé bin finalement ils vont aider la concurrence.
Alors qu’en fait, ce n’est pas du tout comme ça que ça marche c’est-à-dire que plus on est collaboratif et plus on parle les uns des autres, plus on attire du monde dans notre thématique, et finalement mieux c’est pour tout le monde.
En tous cas, c’est pour ça que je le fais, je le fais toujours volontiers. Quand on me demande de partager un article que je trouve intéressant, je le partage. Quand on me propose un article invité, je le regarde, comme ça on apprend tous un petit peu à se connaître.
(Thibault) Oui c’est très bien, c’est une très bonne attitude.
(André) C’est vraiment important, parce qu’encore une fois, quand tu lances ton blog, tu as vraiment besoin qu’il y ait de gros comptes qui parlent de toi, surtout si tu veux percer.
Donc c’est ce que j’ai fait avec Traficmania, il y a des gens qui ont accepté mes articles invités, il y a des gens qui ont accepté de partager mes publications sur Facebook, donc je me dis bon maintenant que j’ai commence à avoir un petit nom dans la thématique et un joli petit nombre de followers, je peux aussi renvoyer l’ascenseur vers les autres, pourquoi pas.
(Thibault) Merci, c’est vraiment sympa. Par rapport à ta répartition, tes clients, à qui as-tu affaire : des particuliers, des entreprises, d’ici, d’ailleurs ?
(André) Sur Traficmania, tu veux dire ?
(Thibault) Oui.
(André) Au début ma cible c’était les blogueurs qui cherchaient à avoir plus de trafic. C’est en majorité des blogueurs débutants ou de niveau entre guillemets intermédiaire. Ce sont des gens qui bloguent depuis 1 an, 2 ans, 3 ans et qui veulent avoir plus de trafic. Il se trouve qu’en France, la majorité de ces gens-là sont soit des particuliers, soit des auto-entrepreneurs.
Et puis il y a une autre clientèle qui est apparue petit à petit. C’est une clientèle d’entrprise qui a commencé à me passer des commandes pour faire du coaching, pour améliorer leur site, pour faire de la rédaction de pages de vente, des gens qui vont me demander de concevoir des tunnels, des campagnes par e-mails, etc.
Je te dirais qu’aujourd’hui en termes de business, je ne sais pas, je pense que je suis environ à 70, 80% sur des particuliers et environ 20% sur des professionnels. Après en termes de répartition géographique, c’est surtout dans les pays francophones donc essentiellement en France, mais y a quand même pas mal de gens qui sont basés en Belgique, en Suisse, au Luxembourg ou au Québec.
(Thibault) C’est bien, du coup tu voyages !
(André) Oui, après tu reçois des mails de gens qui te disent « je suis à la Réunion », « je suis en Nouvelle-Calédonie », « je suis à Montréal », tu vois.
(Thibault) Oui c’est sympa ! En ce qui concerne la répartition de tes revenus, quel est le pourcentage de revenus que tu tires de chacune de tes activités : blogs, publicité, vente d’e-books, formations etc. ?
(André) Je ne fais pas de pub parce que pour que ce soit significatif en termes de revenus, il faut du trafic. Si t’es pas le Monde, si t’es pas le Figaro, Libération, enfin si tu n’as pas un site avec un trafic énorme, tu peux pas gagner ta vie avec de la pub.
Tu vas gagner quelques dizaines d’euros au mieux parce que déjà, les gens cliquent très peu sur les bannières, et d’autre part chaque clic rapporte vraiment des cacahouètes. Donc si t’as pas un trafic démentiel tu peux pas gagner ta vie avec la pub.
(Thibault) En effet, j’avais vu qu’Eric Dupin, de Presse-Citron c’est 1500 euros de revenus net par mois je crois ou quelque chose comme ça. Presse-citron.net, si tu connais ?
(André) Oui et déjà presse-citron c’est gros.
(Thibault) C’est énorme, oui.
(André) Faire 1500, 2000 euros par mois on peut commencer à en vivre, mais bon moi j’ai deux enfants, je suis marié, ma femme bosse mais avec 1500 euros par mois moi, j’ai pas assez.
Il a fallu que je fasse mes propres produits. J’ai plusieurs sites : Traficmania, c’est mon dernier, mais auparavant j’avais un site sur lequel je ne vendais que des formations. Il existe toujours, il y a toujours des formations dessus, beaucoup plus en mode automatisé aujourd’hui parce que je me consacre surtout à Traficmania.
Sur Traficmania, j’ai vendu d’abord du coaching parce que le coaching, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Le coaching, c’est vraiment le meilleur moyen de gagner sérieusement sa vie, j’avais 1000-1500 inscrits au début.
Maintenant je vends des formations, je vends beaucoup moins de coaching qu’auparavant. Bon je bénéficie beaucoup plus d’un effet de levier par rapport à ma liste, donc je dirais que c’est principalement de la formation.
Il m’arrive aussi de faire de la rédaction. C’est pareil j’en fais beaucoup moins car ça prend beaucoup beaucoup de temps. Par exemple, un client va te demander « Rédige-moi une page de vente et une campagne d’e-mails ». C’est une petite semaine de boulot pour faire tout ça, si on veut vraiment vraiment bien le faire.
Bon comme ça coûte très cher de me faire travailler pour une semaine, en général les tarifs sont un peu hors de portée. Donc je préfère maintenant faire des formations et bénéficier de l’effet de levier comme je commence à avoir pas mal de monde sur ma liste.
(Thibault) Du coup la newsletter, la liste d’e-mails, pour toi c’est vraiment un truc stratégique ?
(André) C’est le truc vraiment indispensable. A partir du moment où tu crées un site, si tu te contentes de mettre ton produit dans ta barre de menu et tu attends que les gens arrivent sur ton site et achètent de cette façon, tu perds de l’argent.
Le meilleur moyen de booster ses ventes, ça reste de faire un -30, -40% et un e-mail à ta liste pour dire « le produit est à -40%, cliquez ici ». Et là tu vends. Mais c’est pour ça que je dis que la vente sur internet, c’est tout sauf queelque chose de passif.
Les gens disent « je vais créer un revenu passif avec un blog ». Ce n’est pas passif du tout, en fait il faut aller chercher les gens donc bien sûr qu’il faut paramétrer des auto-répondeurs, faire des campagnes, faire plein de choses, mais c’est un métier de chasseur, c’est pas un métier de pêcheur. Les clients, ils viennent pas comme ça, tout seuls, sur ton site.
(Thibault) Mais les e-books, tu n’as pas la crainte que les gens les mettent sur internet après les avoir reçus, à la disposition de tout le monde ou quelque chose comme ça, ce n’est pas un truc qui t’arrive ?
(André) Ca peut arriver, mais c’est à la marge. Je pense que c’est à la marge. Je te donne un exemple : mes produits sont « Satisfait ou remboursé », d’accord ? Donc on pourrait se dire qu’il va y avoir pleins d’abus, les gens vont se payer des formations à l’oeil. En fait, ce n’est pas le cas, l’immense majorité des gens jouent le jeu.
Donc il y aura toujours des gens qui iront mettre ça sur un site de partage ou de peer-to-peer pour balancer etc. Quand tu bosses sur internet, c’est le problème. L’industrie de la musique, ça fait des années qu’ils essaient d’empêcher le téléchargement, et ils n’y arrivent pas. C’est pas nous les blogueurs qui allons mettre un frein à ça.
Il y aura toujours des gens qui arriveront à magouiller, mais je pense que la plupart des gens sont honnêtes, ils achètent une formation pour eux. Je ne sais pas si derrière, ils n’envoient pas les fichiers à leur petit neveu etc., peut-être, peut-être pas, c’est difficile à savoir. Mais moi, je vis de ce métier depuis plusieurs annnées maintenant, et je n’ai pas le sentiment que ce soit un exemple, ça doit exister mais c’est vraiment pas courant.
(Thibault) D’accord, tant mieux. Par rapport à l’organisation de tes journées justement, parce que là tu vis en indépendant, tu travailles depuis chez toi, est-ce que tu as un rythme imposé ? Tu déjeunes, puis tu attaques toujours les mêmes choses à la même heure ? Ou bien est-ce que c’est variable suivant les jours, comme ça se passe ?
(André) J’essaie de me forcer à tenir un rythme, parce que quand tu bosses chez toi, tu as de sacrées distractions. Tu as Youtube, tu as Netflix, tu as Deezer, enfin il y a 50.000 choses plus sympas que le boulot.
Alors moi déjà, je tiens un rythme, parce qu’il faut que je paie mes factures donc si je ne fais pas mon chiffre, j’ai un problème. Donc c’est la première motivation.
Après en termes de rythme de travail, en général quand je dois écrire c’est la première chose que je fais le matin. J’ai remarqué que pour les choses un peu complexes, par exemple la création d’un produit ou la rédaction, j’y arrive mieux le matin. Donc j’essaie de me prioriser là-dessus.
Ensuite je vais garder les tâches administratives, les trucs un peu comme ça pour l’après midi.
Comme ça la journée type, je ne sais pas, je dois m’y mettre vers 8h30, 8h45. Si j’ai le temps de regarder mes e-mails avant d’envoyer mes gamins à l’école, j’y jette un oeil, parfois j’envoie des e-mails très tôt, les gens sont surpris.
Voilà, et je dirais que la journée de boulot, elle se finit… alors c’est variable, en général c’est vers 15-16h et elle dure… quand j’ai vraiment un bon rythme, en général là tu vois je suis en weekend [l’interview s’est faite un jeudi à 14h]. Je finis l’interview et après je vais faire du vélo. En général, soit le jeudi j’ai terminé de bosser, soit le vendredi, donc ça fait un rythme de boulot qui n’est pas énorme.
Mes blogs, comme ils sont lancés et que ça tourne, ça prend entre 20 et 30h. Après il y a des pics, quand je veux tester des nouvelles choses ou quand j’ai un produit à créer, ça peut me prendre un petit peu plus de temps, mais aujourd’hui comme je maîtrise de mieux en mieux mon activité, j’arrive à gérer les 2 sites avec 20 à 30h par semaine.
(Thibault) D’accord, et du coup ton objectif c’est d’arriver à la fameuse semaine de 4h [référence eu livre de Timothy Ferriss] ?
(André) Non je m’en fous, ça je m’en fous, franchement j’aime bien rationnaliser. Par exemple sur mon autre blog, pas celui de web marketing, mais mon autre blog…
(Thibault) Le blog du balltrap, oui…
(André) Oui, c’est un site sur le tir sportif donc c’est une toute petite niche sur laquelle je suis depuis des années. J’ai beaucoup vendu, j’ai une audience fidèle depuis longtemps donc je n’ai pas de travail de promotion à faire parce que dans la thématique, les gens me connaissent, les gens me suivent etc., et j’ai une grande quantité de produits.
Donc là, mon boulot, c’est quoi ? C’est de créer un enregistrement par semaine, ça me prend environ 15 minutes d’enregistrement et autant pour l’édition, charger le truc sur Vimeo, etc., plus de temps en temps faire une petite promo donc ça, ça va vite, c’est juste envoyer un e-mail.
Par contre j’ai créé un système de vente automatisée avec mon auto-répondeur, une campagne hyper complexe qui s’étend sur plus de 250 jours avec des automatisations de listes etc. Quand j’ai créé ma grande campagne automatisée, ça m’a pris 3 jours, j’ai bossé 12h par jour dessus, à faire les e-mails, les paramétrages dans tous les sens, tu vois, un truc hyper costaud, et tu vois maintenant ce site-là me prend maintenant… allez, 1h par semaine. Et rien que ce site, tu peux en vivre.
Maintenant, est-ce que c’est le but d’arriver à bosser 4h par semaine ? On peut rationnaliser, mais tu vois, sur Traficmania, j’aime bien faire de l’écrit. Bon c’est sûr que si je passais en vidéo, je gagnerais un temps fou, mais pour le moment, j’aime ce format-là. Et finalement, il n’y a pas que le boulot dans la vie, blogueur c’est pas non plus la vie dure quoi, il ne faut pas exagérer.
Donc le rythme de travail que j’ai aujourd’hui me convient, ce n’est pas forcément pour moi un but ultime de diminuer à tout prix, à tout prix, à tout prix. De toutes façons, à partir du moment où tu travailles beaucoup avec des routines, tu as un rythme de boulot qui est quand même relativement léger par rapport à beaucoup de gens. Là j’ai décidé du rythme de publication que j’allais avoir cette année sur Traficmania. C’est le truc qui pour moi, quand tu es indépendant, c’est le truc le plus cool.
Quand tu es en entreprise, tu sais que si tu vas arriver après telle heure, tu vas être mal vu, d’accord ? Tu sais que même si tu as fini ta journée de boulot, si tu pars avant 17h, tu vas être mal vu. Tu vois, tu vas partir, et ton patron va te dire « ha, bonne après-midi au fait », genre vous avez pris un demi-RTT.
En entreprise, ça se passe comme ça, en France, on aime bien les gens qui font des heures, des heures, des heures, même si c’est pour rien faire. Et c’est vrai que quand tu es indépendant, tu enlèves plein de trucs qui polluent dans le monde du travail normal. C’est-à-dire que tu n’as plus les coup de téléphones des fournisseurs, tu n’as plus d’équipe à gérer, tu n’as pas de réunion qui ne sert à rien ou de chef qui te demande des trucs qui ne servent à rien mais qui prennent un temps fou.
Donc finalement, la seule tâche qui te reste c’est ta création de contenu et tu n’as pas d’interruption. Tu travailles autant que les autres, mais comme tu n’as pas tous les trucs inutiles, ta journée de travail passe beaucoup, beaucoup plus vite.
Je dirais qu’avec… allez, entre 3 et 5h de boulot chaque jour, tu abats une quantité de taf absolument hallucinante par rapport aux gens qui sont dans les boîtes, et qui sont pollués du matin au soir. J’ai travaillé 10 ans dans l’industrie, je peux te dire que sur une vraie journée de boulot, tu bosses 2 ou 3h, et tu as 5 à 8h à côté, c’est de la pollution.
(Thibault) En effet, mais après tout le monde n’est pas forcément capable de s’organiser pour justement gérer ses affaires lui-même, etc.
(André) Alors oui c’est autre chose. Il faut avoir une sacrée résistance, enfin il faut savoir appréhender le risque. Quand tu te dis « bon, je vais quitter mon boulot en CDI pour vendre des formations sur internet », au début, il ne faut pas se leurrer, tu fais des erreurs, tu ne sais pas bien rédiger, tu ne sais pas bien trouver ton audience, tu fais plein de conneries donc tu ne fais pas des gros mois.
Il ne faut pas croire que tu vas commencer et gagner 15.000 euros par mois au bout de 6 mois. Peut-être que ça existe, mais ça reste à la marge, ce sont des gens qui sont bien formés, qui sont bien conseillés. Moi les gens me posent la question, ils me demandent combien je gagne.
Le truc, c’est que mon plus mauvais mois en 5 ans de blogging, c’est 800 euros. Le meilleur mois, c’est largement au-dessus de 10.000 euros. Les gens ne retiennent que le second chiffre, ils ne retiennent pas le premier. Mais quand tu as ton loyer à payer et que tu tu fais un mois à 800 balles, ça fait mal !
Et il y a plein de gens qui ne seront pas capables de gérer ça. Tout simplement peut-être parce qu’ils n’auront pas le matelas suffisant. Moi j’ai perdu mon boulot, mais je me suis lancé dans le blogging, j’avais un petit matelas, j’ai joué un peu la sécurité. Et ça aide. Mais si tu n’as pas le filet de sécurité, si tu es un peu flippé par le fait de ne pas savoir combien tu vas gagner, il ne vaut mieux pas être entrepreneur de manière générale.
(Thibault) C’est vrai. C’est inspirant en tous cas des gens comme toi qui se sont lancés, pour qui ça marche bien, tu as plein d’idées, je trouve ça vraiment motivant.
(André) Oui alors c’est un truc que j’avais lu dans un article ou un bouquin de Michael Ferrari, tu sais le blogueur d’Esprit Riche. En fait, c’est le premier blogueur que j’ai suivi il y a quelques années de ça, et c’est sur son site que j’ai découvert qu’on pouvait gagner de l’argent avec un blog. Moi, je savais pas que ça existait.
Et il dit un truc qui est très juste, il dit « prenez une feuille et vous écrivez le scénario du pire ». Et tu te dis « j’ai tant de réserve en banque, ou alors j’ai tant d’allocations chômage qui tombent, voilà mes rentrées d’argent, voilà mes dépenses, combien de temps je peux tenir si je me plante, si le blog ne marche pas et qu’au bout d’un an je n’arrive toujours pas à générer d’argent ».
On a quand même la chance d’être dans un pays où il y a pas mal de filets de sécurité, et on peut se dire « ok là, je peux tenir 6 mois, 1 an, je peux me donner du temps pour mon projet ». Mais c’est sûr que si t’as un crédit, si t’as des gamins, si tu ne connais rien au blogging et si t’es en fin de droits, c’est probablement pas là que je te conseillerais d’aller.
C’est beaucoup plus complexe que ça en a l’air et ça serait probablement la cata. L’entreprise, c’est risqué, il faut le savoir, il faut savoir gérer ce risque, et contrairement à ce que disent beaucoup de gens, moi je suis pas certain que tout le monde puisse entreprendre Tu as des gens qui ont besoin qu’on leur dise quoi faire.
Tu as des gens qui ont besoin de savoir combien ils vont gagner à la fin du mois. C’est respectable, je ne critique pas, c’est juste un état de faits : il y a des gens qui n’aiment pas se dire qu’à la fin du mois ils pourront toucher une petite somme mais peut-être aussi un très grosse somme.
Si tu as peur du risque, de l’incertitude sur tes revenus ou sur ta capacité à créer et à vendre telle ou telle chose, il vaut mieux ne pas entreprendre. Maintenant au contraire, si tu es prêt à apprendre un métier, si tu es prêt à créer du contenu de qualité, si tu es prêt à aller chercher tes lecteurs, si tu es prêt à créer de bons produits, alors oui, tu peux vivre d’un blog.
Moi, je ne suis pas parti dans un paradis fiscal, j’habite à Lyon, j’ai une entreprise immatriculée en France avec les charges françaises, j’ai deux gamins, je suis marié, et je suis en train d’acheter un appart.
On peut tout à fait avoir une vie normale en bloguant, mais encore une fois c’est un métier qui s’apprend. C’est un peu comme si tu voulais devenir boucher, demain tu ne vas pas dire « je suis boucher ». Il va falloir que tu apprennes. Et le blogging, c’est la même chose, il va falloir que tu apprennes.
(Thibault) Et toi, tu te formes régulièrement, comment le fais-tu : tu lis des livres, des e-books ?
(André) Oui moi je continue à me former, tu sais ça évolue tout le temps ! Il y a toujours de nouveaux outils, il y a toujours de nouvelles manières de rédiger, il y a des tendances, etc., alors oui je me forme tout le temps. Je le compte pas dans mon temps de travail, mais je passe pas mal de temps à lire ce qui se fait, à lire beaucoup de bouquins sur le marketing parce qu’il faut nourrir son esprit.
Je pense que c’est valable dans à peu près n’importe quel boulot, si par exemple tu es développeur informatique, tu es dans un business qui évolue, et tu as besoin de te former donc tu es obligé de rester un peu à la page.
Et même si tu es entrepreneur classique, tu vois, dans une entreprise normale, il faut savoir qu’il y a des nouveaux outils informatiques, des nouveaux outils pour mieux produire, des nouveaux outils qualité, etc. Tu as toujours toujours besoin de te former. Mais ça je pense que c’est valable dans n’importe quel métier.
(Thibault) Tu m’as parlé tout à l’heure du site de Michael Ferrari, Esprit Riche, il y a des sites que tu suis tous les jours ?
(André) Il n’y a pas de site sur lequel je vais tous les jours, y a des sites sur lesquels je me balade régulièrement. Alors moi j’ai une référence, que je cite souvent, c’est Copyblogger. C’est un site américain de Brian Clark, l’un des plus gros blogs du monde. Il n’est pas très orienté sur la vente, mais il est très orienté sur le marketing et je trouve que c’est vraiment, vraiment une des meilleures choses.
Après il y a des blogs que je peux trouver intéressants mais que je les suis de manière beaucoup plus épisodique, je te donne un exemple c’est Backlinko. C’est un site très SEO. Il écrit bien, c’est toujours original, c’est toujours très bien fait, mais je ne trouve pas ça toujours extrêmement intéressant, donc je vais y aller une fois de temps en temps pour voir s’il n’y a pas un truc qui peut me plaire. Beaucoup de blogs sont comme ça, je veux dire, tu n’as pas non plus que des blogs où 100% des articles sont à tomber par terre.
(Thibault) Traficmania sort un peu du lot pour le coup. Ce n’est pas pour passer de la pommade, mais sur l’ensemble des articles, bien que ce soit toujours un peu autour de la même problématique, c’est toujours intéressant. Qu’est-ce qui t’a décidé à partir sur des articles assez longs justement, et à ne pas faire du micro-blogging comme font beaucoup de sites ?
(André) Plusieurs choses. Un, j’avais identifié qu’il y avait un besoin. Parce que tu as plein de gens qui bloguent, mais tu as aussi plein de gens qui galèrent à avoir du trafic. J’avais senti qu’il y avait un potentiel.
Et deux, il faut quand même bien reconnaître un truc, c’est que tu as beaucoup de blogs webmarketing qui ne sont pas très qualitatifs, d’accord ? Et je me suis dit que sachant qu’il y a beaucoup de monde dans la niche, le meilleur moyen d’arriver et d’être lu, c’est de se dire que je vais proposer un truc meilleur que les autres.
C’est un peu pompeux de dire ça mais c’était vraiment l’objectif. Je me suis dit « je vais publier peu, je vais faire autrement, je vais beaucoup promouvoir ». Et au lieu de publier un machin de 600 mots tous les jours, si tu travailles 5 jours par semaine, que tu fais 500 mots 5 jours par semaine, ça te fait 2500 mots.
(Thibault) Et ça te fait un article long.
(André) Voilà, plutôt que de publier 5 articles pas très intéressants, je vais écrire un article de 2500 mots qui va créer de l’empathie, qui va donner beaucoup de contenu, et forcément ça va plaire aux gens, et c’est ce qui s’est passé.
(Thibault) Oui, ça marche bien.
(André) Oui, et quelle que soit la thématique, aujourd’hui tu as du monde. C’est rare de trouver des thématiques où il n’y ait vraiment, vraiment personne. Mais le marché n’est pas très mature en France, il y a encore plein de gens qui pensent que faire du blogging c’est un peu pour se faire de l’argent facile, et qui créent des mauvais sites, et qui ne comprennent pas pourquoi ça ne marche pas.
Finalement dans n’importe quelle thématique en France si aujourd’hui tu arrives avec ce modèle-là, en publiant peu mais en faisant du qualitatif, tu peux facilement faire ton trou. Dans plein de thématiques, dans l’immobilier, dans le développement personnel, dans la famille, dans la mode, enfin bref, dans toutes ces thématiques, ce n’est pas très compliqué de s’imposer comme étant un des meilleurs blogueurs, car il n’y a pas énormément de blogs qui soient de qualité.
Et les gens ne sont pas du tout fidèles, il ne faut pas se leurrer. Les internautes, enfin moi j’en suis un, quand je regarde les blogs que je lisais il y a 3-4 ans et ceux que je lis maintenant, à part Copyblogger, je ne suis pas fidèle. Et pourquoi ? Parce que je me dis « oh j’ai déjà lu ça quelque part », ou alors j’ai pas appris grande chose donc finalement je vais plutôt aller me mater une vidéo sur Youtube.
(Thibault) A quels autres noms avais-tu pensé avant de te fixer sur Traficmania ?
(André) Justement, je ne sais pas si tu as vu, c’est un article que j’ai fait ce matin. Je m’étais fait une liste mais y avait toujours un truc qui n’allait pas. Je voulais que ça évoque l’idée de trafic, mais je voulais éviter un truc genre « du trafic pour votre site »…
(Thibault) Ca fait un peu racoleur.
Voilà, ou « traffic blogging », enfin ça ne me plaisait pas. Et puis l’idée m’est venue un jour bêtement, comme ça, sur un parking de supermarché. J’étais en train d’aller chercher mon caddie, et d’un coup je me suis dit « oh tiens, Traficmania ».
Peut-être que je suis passé devant une boutique Micromania et ça m’a fait tilt, mais voilà, c’est venu comme ça. C’est rigolo les idées parce qu’on ne sait jamais quand ça va venir, il y a plein d’exemples comme ça de découvertes qui ont été faites…
(Thibault) Oui, la sérendipité, comme le four à micro-ondes.
(André) Oui, mais pour que le flash survienne, tu as besoin d’être un peu obsédé par le problème. Il faut être focalisé dessus et à un moment donné, sans que tu t’y attendes, tu vas te laver les dents et paf, l’idée vient. Mais tu vois Traficmania m’est venu comme ça, comme le fait de me dire un jour « tiens, je maîtrise le côté marketing, blogging, je vais faire un blog sur le webmarketing ». C’est un des trucs qui me sont venus comme ça, un peu sans m’y attendre.
(Thibault) Tu l’as cherché pendant combien de temps, le nom de Traficmania ?
(André) Entre le moment où je me suis dit je vais créer un blog webmarketing et le moment où je l’ai réservé, je ne sais pas il a dû se passer… un mois environ.
(Thibault) Ha oui quand même, tu as bien réfléchi !
(André) Le truc c’est que le nom, et encore je ne sais pas si c’est vraiment un nom parfait, mais le nom après, tu ne peux pas vraiment le changer, ça te colle à la peau. Donc s’il est mal choisi, après c’est galère.
Moi, je voulais absolument éviter le truc que je n’aime pas du tout dans le blogging, c’est le côté argent facile. Je savais ce que je ne voulais pas, mais je n’avais pas vraiment d’idée définitive. Je voulais qu’il y ait trafic, Traficmania on le retient.
(Thibault) C’est quoi la stat dont tu es le plus fier à propos de tous tes sites ou à propos de Traficmania en particulier, qu’est-ce qui te fait plaisir ?
(André) Je ne sais pas s’il y a des stats dont je suis fier, mais la stat que je surveille le plus, c’est mon chiffre d’affaires, c’est normal. Moi je suis entrepreneur, c’est mon gagne-pain. Je suis quand même relativement fier, à une éqoque où tout le monde s’est mis à supprimer la partie commentaires des blogs, je suis content d’avoir fait le pari de la laisser, et de voir que les gens s’en servent.
C’est quand même une récompense, des fois tu as des commentaires où ce n’est pas juste par exemple « merci pour cet article », mais des gens qui partagent, qui te font vivre leur situation, et là tu te dis « ouf, j’ai réussi à les toucher ».
Je trouve ça vraiment sympa à une époque où juste pour gagner du temps et parce qu’ils ne voulaient pas s’embêter, la plupart des webmarketeurs ont dit « ha je vais dégager les commentaires ». En fait, ils disaient de dégager les commentaires parce qu’eux-mêmes n’en avaient pas.
Moi je suis content de les avoir activés, je suis content d’essayer de faire vraiment du qualitatif, voir que les gens commentent bien. Si je devais être fier, oui je suis assez fier d’avoir eu 150 commentaires sur le deuxième post de Traficmania.
(Thibault) Du coup ce sont un peu tes bébés tous ces sites, tu pourrais les vendre ou ce serait un déchirement ?
(André) Je… t’as raison, ça devient des bébés… et ce n’est pas bon, enfin je sais pas si ce n’est pas bon d’ailleurs peut-être que c’est bon, je ne sais pas… mais c’est vrai que tu t’attaches toujours après.
Il y a des sites où je me suis déjà posé la question, comme mon blog sur le tir sportif, il y a un moment, je me suis dit « je vais me concentrer sur Traficmania, celui-là de toutes façons, j’ai un peu fait le tour ». Je me suis dit « bon, je vais le vendre ». Je pense que ça devrait être jouable de le vendre, j’ai quand même une assez belle liste, je suis sûr qu’il y a des marques qui seraient intéressées d’avoir les e-mails, qui seraient intéressés par ma liste pour en tirer quelque chose.
Maintenant, je n’ai jamais franchi le pas. Je suis assez d’accord avec toi, quand tu commences à passer des heures sur le truc, quand tu as des clients qui t’envoient des e-mails, des remerciements, que les gens reviennent et te rachètent des produits, finalement tu t’attaches au truc. Mais finalement comme beaucoup d’entrepreneurs qui s’attachent à leur business quoi. T’as pas envie de lâcher ton site.
Est-ce que c’est une bonne chose, je ne sais pas. J’aurais sans doute du mal à revendre un blog qui marche, parce que je m’y suis attaché. Après j’ai aussi lancé des trucs, j’ai aussi fait des bêtises, j’ai aussi planté pas mal de blogs, et là à mon avis je prenais les bonnes décisions, quand je voyais que c’était foireux, je lâchais l’affaire.
(Thibault) Quelle est ta priorité du moment, en général, quel est ton grand objectif ?
(André) Moi je suis père de famille, donc ma priorité c’est mes gosses. Je pense qu’il n’y a rien d’original, mais à partir du moment où tu as des enfants, c’est comme ça. C’est mon entourage proche. J’ai la chance d’avoir réussi à créer une entreprise qui fonctionne, qui correspond bien à ma personnalité.
J’aime bien l’enseignement, j’ai hésité à être prof quand j’étais étudiant. Comme j’ai un caractère assez indépendant, je bosse pour moi, j’ai une grande liberté de temps. Tu vois, niveau cadre de vie, le blogging c’est vraiment un des meilleurs métiers du monde.
Une fois que ça marche, même si je n’y gagne pas des sommes énormes, c’est tellement agréable que même quand tu gagnes genre 1500 euros, tu es quand même super content parce que c’est un super boulot.
J’ai la chance d’avoir ça donc dans mes priorités je dirais ma famille, ma santé enfin je ne sais pas, c’est un peu bidon mais comme tout le monde quoi : que ça aille bien, que ça aille bien pour mes proches et que mes sites continuent à croître, continuer à avoir des nouvelles idées, à créer de nouvelles choses…
(Thibault) Je te le souhaite, il n’y a pas de raison ! Tu parlais d’avoir pensé être prof quand tu étais plus jeune, tu écris très bien, tu as le sens de l’histoire, tous les bons ressorts, tu n’as pas de projet de faire des livres ou quelque chose comme ça ?
(André) Si, j’ai plein de projets justement, la grande discussion que j’ai eue hier c’est « qu’est-ce que je fais après ? ». Est-ce que je lance un autre blog sur un autre sujet ? parce que moi j’ai identifié plein de niches, sous-exploitées, avec un potentiel business énorme. Est-ce que j’y vais ?
Ou alors est-ce que je pars sur un autre truc et je me dis j’écris un e-book que je vends sur Amazon, tu vois ? Mais rien à voir avec le blogging. Genre roman. Est-ce que je me mets à raconter des histoires ?
Aujourd’hui je sais que je sais créer un blog dans n’importe quelle thématique, ça je sais faire y a pas de souci. Enfin dans les thématiques que j’identifie comme porteuses. Ca sert de préciser parce qu’il y a des thématiques qui ne marchent pas et il n’y a rien à y faire. Trouver une thématique, lancer un blog et vendre un produit, je saurais faire.
Maintenant il faut être un petit peu humble. Tu vois, je lis des e-books, j’essaie de décortiquer comment les auteurs construisent leurs récits et je trouve que c’est assez compliqué à faire. Je ne sais pas si aujourd’hui j’ai un assez bon niveau en écriture pour tenir quelqu’un en haleine avec une histoire sur tout un livre.
J’essaie de me former, en fait j’achète des mini e-books sur Amazon et je les décrypte, donc je les lis et puis je me fais des mini résumés des chapitres et j’essaie de comprendre comment les mecs structurent leur récit. Et bon peut-être que le jour où je me sentirai prêt et le jour où j’aurai une bonne idée, oui, je me verrais bien faire ça. Pour le moment c’est juste de l’ordre du projet, c’est loin d’être finalisé.
(Thibault) Une dernière question, si tu devais regarder vers le passé, est-ce qu’il y a des choses que tu regrettes ou que tu aurais aimé faire autrement ?
(André) Oui, plein, tous les mecs qui disent qu’ils n’ont aucun regret, je ne sais pas si ce sont des gens qui ont expérimenté beaucoup de choses. Il y a des choses que j’aurais pu faire mieux, différemment.
Je pense que honnêtement, si j’avais su, j’aurais eu le courage de me lancer à mon compte plus tôt. Parce que comme plein de gens, j’étais dans la routine, en CDI, la paye qui tombe tous les mois, et quand tu es comme ça tu es dans une espèce de petit confort. Tu as toujours en tête le rêve de te lancer, mais tu n’oses pas le faire. Parce que tu te dis « c’est risqué, j’ai envie d’acheter un appartement, j’ai un loyer à payer, j’ai des gosses », enfin voilà : tu n’oses pas.
Et puis moi j’ai osé me lancer car j’ai perdu mon job. Donc il y avait des circonstances de vie qui faisaient que c’était marche ou crève. Et heureusement, ça s’est bien passé.
Mais une fois que tu es dedans et que tu vois tous les avantages de la vie de blogueur, que tu vois que tu gagnes plus, enfin que tu gagnes beaucoup mieux ta vie qu’avant, tu te dis « mais pourquoi je ne l’ai pas fait avant, j’étais vraiment cinglé ».
Et à un moment, tu as même une espèce de regard vers les autres personnes. Tous les jours, j’entends les gens se plaindre de leur chef, tous les jours j’entends des gens me dire « aïe aïe aïe, il me reste seulement trois jours de congé cette année ». J’ai envie de leur dire « mais vas-y, lance-toi, tu ne te rends pas compte à côté de quoi tu passes » !
Mais il y a plein de gens qui ont peur, et en même temps c’est compréhensible, parce qu’on a tous des contraintes, et il ne faut pas non plus faire n’importe quoi. Mais vraiment, vraiment, moi si j’avais un conseil à donner, c’est « si vous avez un projet, vous prenez simplement une feuille blanche, et vous notez ce qui peut se passer de pire si ça ne marche pas ». Qu’est-ce qui peut vous arriver de pire si votre projet se plante et si vous gagnez zéro.
Et quand tu fais ça, tu te rends compte que les conséquences ne sont pas si énormes que ça globalement. Et ça te donne un petit peu de courage pour te lancer. Si vous avez l’esprit un peu indépendant, si vous avez envie de vous lancer, si vous voulez créer votre business, avoir un travail indépendant, faites-le ! Parce que le jeu en vaut vraiment la chandelle, et encore une fois l’échec est possible, mais il est largement rattrapable, c’est rarement définitif.
(Thibault) Merci à toi, je vais te libérer pour te permettre d’aller faire du vélo, merci d’avoir répondu André !
Retrouvez tous les conseils d’André sur traficmania.com.